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Dépasser les obstacles

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Réticences des pratiquants potentiels, manque de formation des éducateurs, moyens insuffisants, équipements mal pensés… Témoignages de terrain.

« Ce n’est pas pour nous : la phrase revient trop souvent dans la bouche des familles », se désole Clémence Weck, de l’association Dream. À cette crainte de ne pas être à sa place fait parfois écho celle des éducateurs sportifs, qui souvent se sentent insuffisamment outillés.

Des préventions que balaie André Verslype, responsable du tir à l’arc au comité Ufolep des Hauts-de-France : « On se fait tout un monde du handicap, mais on peut faire beaucoup de choses sans être psychologue, ni médecin. Commençons par regarder la personne handicapée, par l’écouter, pour voir ce qu’il faut adapter. »

Le principal obstacle à l’accueil du handicap serait donc l’idée qu’on s’en fait. « Une fois qu’on s’est lancé, ce n’est pas si compliqué », reconnaissent de nombreux éducateurs.

Partager les difficultés. Chaque situation est singulière : ce qui marche ici peut très bien ne pas fonctionner ailleurs. Il faut le reconnaître et oser en parler, conseille Véronique Delaune, du club des bébés nageurs de l’ABC Évreux : « Dans l’un des groupes du samedi matin, il y a trois jeunes autistes. Trois, c’est le maximum. Car, dans l’eau, quand une situation bloque, un animateur se consacre à l’un des enfants. Avec nos profils différents de psychomotricienne, d’enseignante en maternelle et de maître-nageur, on se complète et on se relaie. Quelquefois, il faut aussi accepter d’être en échec, de voir que l’enfant et son parent ne se détendent pas dans l’eau, ne profitent pas de la séance. Oui, il y a des enfants qu’on n’arrive pas à faire progresser. » Des moments de doute ou d’impuissance plus faciles à vivre à plusieurs.

Le discours et la réalité. Officiellement, tout le monde soutient les projets autour du handicap. Mais, quand il faut financer un équipement ou le minibus pour conduire des résidents de leur foyer au gymnase, il arrive que les promesses s’évanouissent. « On n’est jamais dans la bonne case ! », s’énerve François Sanchez, président du Patronage laïque d’Oullins. Jean-Claude Besnard, de l’Ufolep Indre, regrette pour sa part que les foyers pour adultes handicapés viennent de moins en moins aux activités proposées : « Faute de moyens humains, ils ne peuvent pas détacher un éducateur avec un petit groupe le temps de la séance. »

Petits détails. Une commune a créé un circuit pédestre praticable en fauteuil. Formidable, à un détail près : un infranchissable tapis de gravier entoure les toilettes, conçues pourtant pour être accessibles... Autre exemple : un archer en fauteuil a attendu plusieurs années la place de parking et les toilettes accessibles qu’il demandait. « Une personne en fauteuil a toujours l’impression de déranger quand il demande quelque chose », note Jean-Claude Besnard. Autant de petits détails qui dissuadent les plus timides de pousser la porte d’un club, et finissent parfois par décourager les plus motivés.

Invisibilité. « Voir le sourire éclatant de Marie, Manon et Nathan sur la ligne d’arrivée du Marathon de Nantes, entourés des 25 coureurs à s’être relayés autour de leur joëlette, c’est une émotion qui vaut toutes les performances individuelles. Et cela contribue à sortir la pratique handisport de l’anonymat », se réjouit Jean-Paul Berthomé, de l’amicale laïque de Haute-Goulaine.

Yoann Ferreira se souvient pour sa part de cette démonstration de parkour, lors d’un festival à Roubaix : « D’ordinaire réservé et peu à l’aise avec la hauteur, l’un de nos adhérents handicapé mental s’est transcendé. Galvanisé par les applaudissements, pour la première fois il s’est mis debout sur un cube d’un mètre. »


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