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David Lazarus, qu’attend un maire des associations sportives ?

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Sur quels critères subventionner un club ? Quelle place accorder au sport ? Les réponses de David Lazarus, maire de Chambly et coprésident de la commission sport de l’Association des maires de France (AMF).

« Chambly la sportive, pour bien vivre en pleine forme », titrait un hors-série de votre journal municipal : c’est votre conception, David Lazarus ?

Le sport est essentiel au développement individuel de chacun, au même titre que l’art et la culture. Il accompagne toutes les étapes de la vie : c’est l’acquisition des capacités motrices du jeune enfant, puis le développement du corps et l’apprentissage du vivre ensemble, à travers celui des règles et, souvent, l’expérience de la compétition. Apprendre à perdre, pour gagner demain. C’est aussi le sport santé, tout au long de la vie. C’est pourquoi, à Chambly, tout comme un éducateur de gymnastique et de judo intervient en crèche, un animateur propose un parcours sportif santé pour les aînés de notre résidence autonomie.

Ensuite, le sport contribue beaucoup à l’image d’une ville : celle qu’en ont ses propres habitants, et celle qu’elle offre à l’extérieur. Chambly compte 3 700 licenciés sportifs pour 10 000 habitants, répartis dans 29 sections sportives pour 22 clubs, sans parler des pratiquants autonomes. La commune possède 40 équipements sportifs et nous en construisons encore, car on en manque. L’accession en Ligue 2 de notre club de football, après un parcours homérique en Coupe de France il y a trois éditons, participe de cette fierté et de cette notoriété. Mais tous nos clubs, notamment ceux de badminton, de handball ou de horse-ball, qui évoluent à un niveau national, voire international, sont partie prenante de cette dynamique.

Qu’est-ce qu’un maire attend d’une association sportive ? Des résultats en championnat ou un rayonnement social ?

Mon premier critère, et de loin, ce n’est pas une équipe première qui brille mais la capacité du club à être une école de formation. Nous subventionnons les associations qui s’investissent dans la formation des jeunes et s’impliquent dans la vie sociale. Je citerai deux exemples locaux, dans deux disciplines très pratiquées par les retraités. En contrepartie de notre aide, le club de billard a formé des jeunes, y compris un champion de France ! Et, à la demande du club de pétanque, nous avons investi 400 000 € dans un boulodrome. En retour, leurs membres font découvrir la pétanque dans les accueils de loisirs et les écoles, en temps périscolaire.

Le maire que je suis ne néglige pas pour autant le haut niveau. À condition qu’ils remplissent les deux premiers critères, nous accompagnons les clubs dans leur projet d’excellence. En football, l’accompagnement est fort car le FC Chambly est la vitrine de notre commune.

L’une des principales associations locales est le Cercle de loisirs éducatifs (Clec), dont la plupart des sections adhèrent à l’Ufolep ou à la Ligue de l’enseignement. Comment percevez-vous l’Ufolep dans le paysage sportif ?

Enfant, j’étais moi-même adhérent au Clec, non pour y pratiquer un sport mais de la danse folklorique, et mes parents y étaient animateurs bénévoles. J’ai baigné dans cette proximité entre activités sportives et culturelles. Inévitablement, je porte un regard bienveillant sur ce type de structure, en résonnance avec l’idée de vivre ensemble. Le concept de club omnisport me plait, mais une association qui propose aussi des activités culturelles, c’est plus riche encore ! Cela concourt à offrir une vision plus large, où la réussite sportive n’est pas le principe premier. Ce qui n’empêche pas des sections du Clec de rechercher la performance, mais sans perdre le fil de l’éducation par le sport.

Comment la demande d’activités et d’équipements sportifs a-t-elle évolué depuis vingt-cinq ans ?

Nous avons connu trois évolutions fortes, à Chambly comme en France.

La première réside dans l’appétit pour des activités nouvelles. Le champ des possibles s’est considérablement élargi : fini le temps où l’offre se limitait à quatre ou cinq grands sports et où le judo était le seul art martial !

La seconde évolution tient à la très forte demande de pratique non fédérée, non encadrée, principalement dans des activités individuelles comme le running, le vélo ou la marche. Je suis à l’écoute, même si, par culture personnelle, je préfère la pratique licenciée, où l’on appartient à une famille et où l’on est mieux couvert en termes d’assurance. Un élu apprécie aussi d’avoir des interlocuteurs identifiés… Nous avons pris en compte cette aspiration forte à travers la réalisation d’un chemin de randonnée le long du cours d’eau qui traverse la commune, ou bien encore la réalisation d’un parcours sportif avec agrès.

La troisième évolution concerne la demande de créneaux dans des équipements communaux pour une pratique non encadrée, entre copains, de la part de jeunes adultes et principalement pour du futsal. Au-delà du manque de créneaux disponibles, cela pose d’épineuses questions de sécurité et d’assurance.

À ces trois défis – accompagner de nouvelles pratiques encore minoritaires, intégrer les pratiquants autogérés dans une politique sportive et autoriser le libre accès à des équipements publics – s’ajoute celui du sport santé et du handicap. Il faut favoriser l’accès aux pratiques sportives des personnes en situation de handicap ou ayant des problèmes de santé, comme le fait par exemple le club de badminton de Chambly avec de jeunes diabétiques d’une structure médicale. Mise aux normes des équipements, créneaux dédiés, accueil en club d’une pratique adaptée, formation des éducateurs à ce public : face à défi nous avons, associations et collectivités réunies, un sérieux temps de retard.

Il est beaucoup question de la répartition des compétences sport entre les communes et les communautés de communes ou d’agglomération ? Qu’est-ce qui a changé ?

À Chambly, rien, car le transfert n’est pas obligatoire. Très peu d’intercommunalités ou d’agglomérations ont pris la compétence sport et, à ce jour, une minorité a pris la compétence des équipements sportifs structurants (piscines, grands gymnases, stades), ce qui n’est pas la même chose. La commune reste seule compétente en matière de politique sportive et d’accompagnement des associations. À titre personnel, je ne suis pas favorable au transfert automatique, car le maire que je suis entend affirmer une vision forte et globale du sport que ne partagent pas forcément tous mes collègues. Au nom de quoi devrais-je priver mes concitoyens d’une politique sportive ambitieuse ?


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