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Conseil lecture : « La Bible de la lose du sport français »

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Non agréée par le ministère, la Fédération française de la lose (FFL) est apparue dans le paysage sportif sous la forme d’un compte Twitter préférant célébrant les échecs et les ratés plutôt que les victoires et les exploits, l’humour en plus. « La France a toujours eu un rapport spécial avec la défaite », expliquent les potaches érudits qui exaltent aussi cet art de perdre avec panache dans un livre bien dans le ton de leurs messages. Il est vrai que de Poulidor « l’éternel second » à Fignon « le maudit », qui perd le Tour 1989 à la dernière étape pour un furoncle mal placé, en passant par les poteaux carrés de Glasgow 1976 qui accablent les Verts de Saint-Etienne, ou le cruel épilogue du France Bulgarie de 1993 privant de Mondial la génération dorée des Ginola-Cantona, les perdants magnifiques et les tragédies sportives occupent une place privilégiée dans le cœur des Français. Dites « Séville 82 », et tout le monde comprend.

Cette Bible de la lose du sport français réveille aussi les fantômes de Jean Bouin et Jules Ladoumègue, qui faute de titre olympique virent fleurir les stades à leur nom, auxquels elle aurait pu adjoindre celui de Jazy pour son naufrage sur la cendrée humide du stade de Tokyo en 1964. Bonne idée en revanche d’exhumer le France-Yougoslavie de 1960, demi-finale à rebondissements du tout premier Euro. Il y a aussi un peu de tennis et de rugby dans ce faux panthéon très foot et vélo.

C’est d’ailleurs Thibaut Pinot, Pou-Pou des temps modernes, qui signe la préface. « Il est possible que, avec moins de poisse, je serais un peu moins populaire aujourd’hui », observe-t-il avec philosophie avant de faire du PSG, son club de foot favori, le n°1 de la lose hexagonale de ces dernières années au regard de ses défaites incroyables. « L’humour et l’autodérision sont les remèdes les plus efficaces pour digérer les grandes déceptions », confie-t-il en champion.

Pourtant, après avoir tant perdu, depuis une trentaine d’années le sport français a appris la gagne : les Barjots champions du monde de handball, deux étoiles sur le maillot des Bleus du football... Et si l’athlétisme et la natation sont passées au travers aux JO de Tokyo l’an passé, le tir groupé des sports collectifs a fait diversion. Heureusement pour les nostalgiques de la lose, la compétition fabrique toujours plus de perdants magnifiques que d’arrogants vainqueurs. Et se faire du bien avec ce qui sur le moment fait si mal est très sain. « L’ironie du sport » chère à Antoine Blondin. Philippe Brenot


La Bible de la lose du sport français, Antoine Declercq et FFL, Marabout, 2021, 29,90 €.
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