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Benjamin Coignet : « Le socio-sport répond à des problématiques sociales »

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Docteur en sociologie du sport, Benjamin Coignet, 38 ans, est responsable d’une licence professionnelle « intervention sociale » sur « la médiation par le sport » à l’université de Franche-Comté, à Besançon (Doubs).

Benjamin Coignet, comment êtes-vous venu au socio-sport ?

J’ai soutenu il y a bientôt dix ans un doctorat en sociologie sur le sport dans les quartiers populairesen m’intéressant à la capacité des clubs à répondre aux problèmes sociaux de leur territoire1 : chômage, délinquance, santé, désœuvrement… Comment un collectif qui se réunit pour un objet sportif prend en compte les réalités de ses adhérents et des habitants de son territoire. Ceci dans une vingtaine de clubs (basket, foot, rugby, etc.) de 12 zones urbaines sensibles de l’époque (maintenant appelées Quartiers politiques de la ville, QPV) situées dans les Hauts-de-France, dans l’Est, le Lyonnais, en région parisienne ou à Marseille.

Quelle définition donnez-vous du socio-sport ?

Il n’existe pas une définition sur laquelle s’accorderaient à la fois les acteurs institutionnels, les habitants, les politiques, les éducateurs sportifs… Pour ma part, je définis le socio-sport comme une dynamique, une manière de travailler pour que le sport puisse apporter des réponses à des problématiques sociales sur un territoire donné. Exemple : faire en sorte que la pratique de l’escalade permettre d’agir pour l’emploi dans un quartier prioritaire. Cela peut se faire à travers l’activité elle-même : apprendre à collaborer, à assumer des responsabilités (comme celle de la sécurité de la personne que l’on « assure »), à dominer ses émotions… Mais le socio-sport, c’est aussi un cadre de pratique : accepter une vie de groupe ou de club régie par des règles et, par exemple, utiliser l’environnement social de l’association pour aider des adhérents à trouver un emploi. Le socio-sport croise donc à la fois la pédagogie de la pratique sportive et la mise en réseau des individus pour répondre à des problèmes. Cette conception se rapproche beaucoup de celle de l’Ufolep. Et si, à ses débuts dans les années 1990, le socio-sport était avant tout identifié au rôle des éducateurs et à l’utilisation des méthodes de l’action sociale, il s’y est ajouté depuis une dimension de dynamique de territoire, comme avec les Cités éducatives.

Comment forme-t-on au socio-sport aujourd’hui ?

Le contenu des formations repose sur deux piliers : d’une part, la pédagogie et le face à face pédagogique avec des publics parfois violents, peu motivés ou ayant des problèmes d’addiction ou de santé, autant d’entraves à la pratique ; d’autre part, l’ingénierie de projet afin de collaborer avec d’autres modes d’intervention auprès de ces publics. Comprendre l’environnement institutionnel afin de travailler avec les collectivités locales, l’Agence régionale de santé, les services de l’État, les acteurs sociaux... Il existe des formations universitaires : des Deust (Diplôme d’État universitaire scientifique et technique) en deux ans et des licences professionnelles, comme celle que nous proposons à Besançon. Chaque promotion réunit 20 étudiants et 80 sont formés à l’échelle nationale, puisque nous sommes 4 universités à proposer cette spécialité. Les chiffres doivent être sensiblement les mêmes pour les Deust. Quelques fédérations sportives développent aussi des formations sur mesure, comme celle de la FF football sur l’intervention sociale dans les quartiers. Citons aussi le BP Jeps2 « sport pour tous », qui toutefois est davantage tourné sur les activités, tandis que l’Agence pour l’éducation par le sport3 forme des coachs d’insertion par le sport susceptibles de travailler avec des clubs, des entreprises, ou en direct avec les publics. Mais cela est loin de suffire pour répondre à toutes les offres d’emploi dans le domaine !

 Propos recueilli par Philippe Brenot

(1) « Sport et innovation sociale » (des associations sportives en mouvement dans les quartiers populaires), L’Harmattan, 2013.

(2) Le Brevet professionnel Jeunesse éducation populaire et sport est un diplôme reconnu par le ministère des Sports.

(3) Benjamin Coignet fut directeur technique de l’Apels de 2013 à 2016.


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