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Associations sportives: la saison de toutes les incertitudes

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L’inquiétude est de mise parmi les associations sportives, encore marquées par l’arrêt brutal de leurs activités en raison de l’épidémie de Covid-19. Pourront-elles reprendre leurs activités normalement ? Les adhérents seront-ils au rendez-vous ? Mais cette rentrée de toutes les incertitudes est également riche d’opportunités.

« La rentrée sera très dure, il faut nous y préparer », affirmait Emmanuel Macron le 2 juillet dans un entretien accordé à la presse régionale, avec en perspective une cascade de faillites d’entreprises et de suppressions d’emplois. Mais cette rentrée aussi pleine d’incertitudes : comment la pandémie de Covid-19 va-t-elle évoluer, et quelles règles sanitaires faudra-t-il continuer d’observer ? La question concerne directement les associations sportives, qui se posent toutes la même question : les licenciés, y compris les plus fidèles, seront-ils au rendez-vous ?

Après l’arrêt brutal, mi-mars, de toutes les activités, puis un printemps de confinement durant lequel les sportifs ont piaffé d’impatience entre quatre murs, se reportant sur des exercices physiques lassants ou de trop brefs joggings, il a fallu faire une croix sur la fin de saison et les événements sportifs qui en sont le point d’orgue. À l’Ufolep, les championnats et rassemblement nationaux ont été annulés les uns après les autres et, la mort dans l’âme, les associations organisatrices d’événements ont dû faire de même, renonçant de surcroît aux rentrées d’argent qui, pour bon nombre d’entre elles, contribuent à financer les activités sur l’année et permettent de les proposer pour un coût modéré.

Mais un grand nombre d’entre elles ont aussi profité de cet épisode de confinement inédit pour moderniser leurs fonctionnements, avec un recours accru aux outils numériques qui leur a permis d’entretenir un lien fort avec la plupart de leurs adhérents.

D’un sport à l’autre

Toutes les disciplines n’ont cependant pas vécu ces derniers mois de la même façon. « Le ski a été peu impacté cette saison car la plupart des sorties étaient déjà effectuées au moment du confinement », explique Martine Ponsero, responsable de la commission nationale Ufolep des sports de neige. Et si, pour les sports collectifs, la gymnastique ou les activités de la forme, la saison a été pour le moins tronquée, pour d’autres, elle n’a jamais vraiment débuté : c’est notamment le cas du cyclosport et du VTT, des sports mécaniques auto et moto, ou bien encore de la pétanque. « Et dire que plusieurs associations venaient juste de nous rejoindre... Pour elles, nous allons faire un geste sur le prix de l’adhésion pour la prochaine saison » confie Ludovic Trézières, délégué départemental des Yvelines. « Nos gymnastes sont très frustrées de n’avoir pas pu découvrir les compétitions Ufolep », ajoute Sylvie Julien, dont l’association vendéenne Les Feux follets de Venansault était aussi une nouvelle venue.

Au moins certaines activités ont-elles pu reprendre après le confinement, en réduisant les groupes et en observant un protocole contraignant, entre gestes barrières, fermeture des vestiaires et désinfection du matériel. Mais nombre d’installations, gymnases ou piscines notamment, sont restées fermées, tandis que les sports de combat, même en déplaçant leurs entraînements à l’extérieur, ont dû attendre le 11 juillet pour renouer avec une pratique où les contacts sont autorisés.

Reprendre, c’est le leitmotiv. « L’objectif est de relancer au plus vite les compétitions, c’est-à-dire le championnat hiver 10 mètres, avec les départementaux en novembre, les régionaux en décembre et les nationaux en mars 2021 » détaille Michel Lagarde, membre de la Commission nationale de tir sportif. « Pour l’été, j’ai obtenu l’accès au gymnase, explique de son côté Karine Baty, du club de badminton Ufolep-FFBad de Thiaucourt (Meurthe-et-Moselle). Les jeunes qui font de la compétition étaient très en demande : sans pratique régulière, on perd vite. Mais nous n’avons aucune assurance que tout redémarre comme avant. C’est le grand flou. »

Après l’impatience, devant la perspective d’une « deuxième vague » de la pandémie c’est l’inquiétude qui domine aujourd’hui, en particulier parmi les clubs qui emploient des animateurs sportifs qu’ils ne sont pas sûr de pouvoir conserver après la fin de la prise en charge du chômage partiel.

Un modèle en question ?

Certaines s’interrogent même sur leur existence à moyen terme, interrogation dont le président du Comité national olympique et sportif français, s’est lui-même fait l’écho. « Nous avons très rapidement compris que les clubs fédérés étaient en danger » a expliqué Denis Masseglia en ouvrant le 29 juin l’assemblée générale du CNOSF. Pour les clubs, il ne s’agit pas seulement de retrouver « leur activité passée, mais aussi une attractivité nouvelle vis-à-vis d’un public qui a pris d’autres habitudes et parfois ses distances avec la vie de groupe organisée ».

Certes, le confinement a développé chez beaucoup l’envie de se bouger. Mais la question est : « Comment faire pour que ce besoin de pratique trouve aussi à s’épanouir en club ? » Comme premier élément de réponse, le CNOSF propose aux associations sportives de se référencer sur sa plateforme www.monclubpresdechezmoi.com.

« Le sport amateur appelé à se réinventer », titrait aussi le quotidien La Croix du 8 juillet en confirmant que, circonstances obligent, l’aspiration renforcée pour le sport-santé et le sport loisir s’est traduit par une pratique en autonomie. « Ce phénomène de mise en loisir du sport (…) n’est pas nouveau, mais sans doute le coronavirus l’accélère-t-il, observe le sociologue Olivier Bessy, responsable du master loisirs, tourisme et développement territorial de l’université de Pau et des Pays de l’Adour. Il reste un plaisir de la performance, mais ce n’est plus le même, chacun se situant d’abord par rapport à soi-même. Ces pratiquent interrogent le mouvement sportif traditionnel des fédérations et des clubs qui tentent de s’adapter, non sans difficulté. » 

Une opportunité ?

Et si cette crise était aussi une opportunité ? « Comme en aïkido nous n’organisons pas de compétition et que, dans 95 % de nos associations les enseignants sont bénévoles, nous avons été moins impactés que d’autres par la pandémie, analyse le référent national Ufolep, Antonio Barbas. Et nous restons positifs pour 2020-2021, où il y aura de vrais enjeux. Les fédérations délégataires comme le judo, la boxe ou le karaté vont faire face à une double problématique de survie, celle de leurs salariés et de leurs adhérents. Les clubs Ufolep doivent être au rendez-vous et attentifs aux possibilités de reprise. »

Pourquoi ce qui est vrai de l’aïkido ne le serait pas pour les autres disciplines ? Et si, sans besoin de se réinventer complètement, les associations Ufolep faisaient de la devise « Tous les sports autrement » un plan d’action ? Un autre plan, le plan de relance décidé par la fédération, vise précisément à les y aider.


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