Amicales laïques : « Aujourd’hui, dans le Rhône, l’adhésion repose moins sur l’affinité »

L’identité laïque des amicales se dilue et l’affiliation à l’Ufolep en pâtit, constate Jérémy Souche, nouveau président de l’Ufolep du Rhône.

Jérémy Souche, vous êtes très attaché à deux clubs historiques de l’agglomération lyonnaise, le Patronage laïque d’Oullins et l’Amicale laïque de Saint-Genis-Laval. Or la plupart de leurs sections sportives ne sont plus affiliées à l’Ufolep…

Bien que très attachés aux valeurs laïques et à l’appartenance à la Ligue de l’enseignement et à l’Ufolep, les dirigeants n’ont pu empêcher plusieurs sections de partir vers les fédérations délégataires, principalement en raison de l’étiolement de nos championnats. Ce fut par le cas au PLO pour le basket. Ne restent plus à l’Ufolep que la GRS, la gymnastique et le trampoline. Et à l’Amicale laïque de Saint-Genis-Laval, faute de trouver en Ufolep des équipes à qui s’opposer, la section handball dont je suis moi-même adhérent est affiliée la FFHB : la pratique loisir ne suffit pas, les sportifs veulent aussi jouer des matches. Seule la boule lyonnaise nous demeure fidèle.

Pourquoi ces sections ne prennent-elles pas alors leur indépendance ?

Parce que l’amicale reste leur structure, leur identité sociale, qu’elles y disposent de locaux et sont identifiées sous ce nom. Il est toujours difficile de relancer un club précédemment connu sous une autre appellation. Alors tant pis si celle d’amicale laïque a perdu sa signification pour une majorité d’adhérents... Dans ma section handball, combien savent ce qu’est une amicale laïque, ou même qu’il s’agit d’une association multisport ? Les dirigeants s’efforcent néanmoins d’entretenir cette identité laïque.

Cela doit cependant poser un problème de renouvellement de ces dirigeants…

C’est de plus en plus compliqué. Quand mon arrière-grand-père a fondé le Patronage laïque d’Oullins, et mon grand-père issu d’une autre branche de la famille la section basket de l’Amicale de Saint-Genis-Laval, c’est parce qu’ils ont voulu s’associer avec des gens partageant les mêmes idées et valeurs pour les affirmer face à un patronage catholique. Cela s’est perdu, il faut l’accepter. Dans les amicales laïques aussi, l’adhésion se fait d’abord pour des raisons pratiques : l’offre d’activités, la proximité du gymnase et le coût de l’adhésion.

Qui sont alors les personnes prêtes à s’investir au-delà de leur discipline ?

Ce sont souvent des anciens qui ont parfois du mal à se faire entendre par ceux pour qui les notions d’affinité et de laïcité "leur passent un peu au-dessus de la tête". C’est pourquoi il est indispensable de repérer et d’accompagner les jeunes qui acceptent de s’investir. C’est ce que nous faisons au PLO avec des gymnastes qui ont toujours connu l’Ufolep. Les valeurs transmises par leurs entraîneurs ont infusé en eux et ils se sont naturellement investis comme juges, puis ont passé le brevet fédéral d’animateur, où ils ont été sensibilisés à l’histoire de la fédération et ont pris pleinement conscience de sa vocation multisport.

En Jeu Ufolep 45, mars 2021