Accueillir le handicap : Hervé, un archer comme un autre

La pratique du tir à l’arc en fauteuil, Hervé Lecocq l’a découverte en 1982 dans le centre de rééducation où l’avait conduit son accident du travail. Puis il a appris à vivre au quotidien avec sa paraplégie, et rangé le tir à l’arc dans un coin de sa mémoire. Jusqu’au jour où un ami lui parle d’un club près de chez lui. Il le rejoint, avant de le quitter : « Lors d’un championnat, ils m’avaient inscrit comme non-voyant ! Une autre fois, ils avaient tout simplement oublié de m’inscrire. Je ne me sentais plus à ma place. »

Il se tourne alors vers le club Ufolep de Courchelettes (Nord), situé à 35 km de chez lui. Un trajet que, depuis huit ans, Hervé effectue chaque semaine. Et pas question de tirer sur des cibles à 10 ou 20 mètres, comme en handisport : « Cette distance ne me convient pas. Je tire comme les autres archers, à 30 ou 40 mètres. » Le seul aménagement qu’il accepte concerne la pratique en extérieur : « Rouler dans les pâtures n’est pas commode. Alors, je reste sur le pas de tir et les copains me ramènent les flèches. »

Hervé explique que le tir à l’arc l’a aidé à chasser ses idées noires : « Je restais chez moi, et me renfermais sur moi-même. J’ai été accueilli dans le club à bras ouverts. Pour les copains, je suis un archer comme un autre. » Hervé regrette d’autant plus que très peu de pratiquants handicapés l’imitent. Même s’il reconnaît : « Si au début on n’était pas venu me chercher, je n’y serais pas allé. »