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« Olympia », dans le sillage du fantôme de Marie-José Pérec

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La fragilité psychologique des champions, et plus particulièrement des championnes face à la pression des enjeux qui pèsent sur leurs épaules sera-t-elle demain davantage prise en compte, et leur choix de renoncer parfois à prendre part à une épreuve mieux accepté ? Lors des Jeux de Tokyo, la gymnaste américaine Simone Biles, quadruple championne olympique à Rio en 2016, a déclaré forfait avant de participer finalement au seul concours de la poutre et d’y décrocher le bronze, s’attirant en cela des manifestations de sympathie. Quelques mois plus tôt, le retrait de Roland-Garros de la n°3 mondiale Naomie Osaka, après avoir annoncé en début de tournoi ne plus vouloir participer aux conférences de presse afin de « préserver sa santé mentale », avait été plus diversement apprécié. Et que dire de la violence des commentaires qui, en septembre 2000 aux Jeux de Sydney, accompagnèrent la « fuite » de Marie-José Pérec à la veille de son duel très attendu avec l’Australienne Cathy Freeman sur 400 mètres ? Vingt ans après, l’athlète guadeloupéenne conserve le sentiment d’un « lynchage ».

Âgé de 20 ans à l’époque, Paul-Henry Bizon avait été troublé par l’interview télévisée dans laquelle Marie-José Pérec, le regard apeuré d’une biche aux abois, s’était maladroitement expliquée sur son comportement en invoquant le harcèlement des médias. Cet épisode est au cœur de son deuxième roman, dont l’héroïne est la responsable marketing d’un horloger de luxe partenaire de Paris 2024. Chargée de solliciter l’ex-championne pour en faire l’égérie d’une campagne publicitaire, et bientôt hantée par la figure de l’athlète, Roxane Vidal s’identifie progressivement à la championne et à ses failles, jusqu’à réussir grâce à elle à affronter le traumatisme des viols subis de la part du professeur d’EPS du pensionnat privé où l’avaient exilée ses parents. Un pensionnat dont les installations sportives, baptisées Olympia, abritent désormais une improbable communauté d’anciennes athlètes souhaitant s’émanciper de la tyrannie masculine caractérisée par la loi du chronomètre. Jusqu’au coup de théâtre final, que l’on se gardera de dévoiler.

« Tout ce qui est écrit dans Olympia sont des choses que j’ai pensées sans jamais les avoir dites », a expliqué Marie-José Pérec, adoubant ainsi Paul-Henry Bizon lors de la rencontre ménagée entre eux fin juillet par le magazine M Le Monde. Au-delà des ambitions de l’auteur et de bonnes intentions qui surfent sur la vague #metoo dans le sport de haut niveau, qu’elle nous autorise néanmoins à voir dans ces pages un roman poussif et peu convaincant.

Philippe Brenot


Olympia, Paul-Henry Bizon, Gallimard, 218 pages, 18 €.
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