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« Ne t’arrête pas de courir » : des couloirs d’athlé à la cellule de prison

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Jeune journaliste, Mathieu Palain reçoit en 2014 le prix Françoise Giroud du portrait pour un article paru dans Libération et consacré à Mahiedine Mekhissi, triple médaillé olympique sur 3 000 mètres steeple à Pékin, Londres et Rio. Sept ans plus tard, il obtient le prix Interallié pour Ne t’arrête pas de courir, qui relate sur plus de 400 pages la trajectoire contrariée de Toumany Coulibaly, qui lui fut seulement champion de France du 400 mètres, pour avoir mené parallèlement à ses tours de piste une carrière de cambrioleur qui le conduisit droit en prison.

Ce récit né au fil de rencontres hebdomadaires au parloir s’efforce de résoudre ce mystère : pourquoi un athlète surdoué ruine-t-il ainsi sa carrière ? Il est construit, et c’est ce qui en fait le prix, sur les parcours de vie comparés de Toumany Coulibaly et de l’auteur lui-même, nés la même année en banlieue sud. Et tout comme Mathieu Palain comprendra pourquoi il s’investit tant dans cette relation, l’ancien cambrioleur compulsif finira lui aussi par saisir les ressorts psychologiques de son incompréhensible comportement. Sans jamais s’être arrêté de courir durant l’enfermement dont il est depuis sorti. Ph.B.

Ne t’arrête pas de courir, L’iconoclaste, 2021, 424 pages, 19 €.

 

Extrait : J’étais tombé sur un article qui commençait ainsi : « C'est l'histoire d'un athlète sacré champion de France du 400 mètres qui a choisi de gâcher son talent et sa vie. Toumany Coulibaly, 30 ans, comparaissait à nouveau devant le tribunal correctionnel d'Évry pour une tentative de cambriolage. Le coureur est actuellement en détention pour des faits similaires. »

J'ignore si c'est parce que ça parlait de sport ou de ce coin de l'Essonne où j'avais grandi, mais ça m'a intéressé. Plus loin dans l'article, le jeune homme était cité à l'audience, demandant à la presse de ne plus écrire sur ses affaires, car le plus âgé de ses quatre enfants avait appris à lire et ça lui ferait mal d'apprendre que son père n'est pas seulement un champion, mais aussi un voleur multirécidiviste. Bien sûr, les journalistes s'étaient moqués de lui, et dans Le Parisien on avait eu droit au détail de son « palmarès judiciaire » : treize condamnations, que des vols et des cambriolages. J'ai cherché d'autres articles et je suis tombé sur cette info que j'ai eu beaucoup de mal à croire : le 22 février 2015, quelques heures après avoir remporté le titre de champion de France du 400 mètres, Toumany Coulibaly ne sabre pas le champagne. Il ne fête pas l'événement avec sa femme et ses enfants au restaurant. Non, il pose sa médaille sur la table de la cuisine, attrape une cagoule et rejoint quatre complices pour cambrioler une boutique de téléphones portables.


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