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« Les Nationaux sont une plus-value pour la vie associative »

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Sur quelles bases faire évoluer les Nationaux ? Interview croisée d’Isabelle Jacquet, élue nationale chargée de la vie sportive, Isabelle Chusseau, DTN ajointe de l’Ufolep, et Thomas Pourageaud, chargé de mission.

 

Les championnats nationaux de l’Ufolep sont-ils la vitrine sportive de la fédération ?

Isabelle Jacquet : C’est une partie de la vitrine, une partie importante mais une partie seulement. Le rayonnement de nos disciplines ne se limite pas aux rencontres nationales.

Isabelle Chusseau : Pour les participants, c’est un moment fort de leur saison, souvent l’aboutissement d’une année de pratique. Au-delà de la dimension sportive et compétitive, c’est aussi l’occasion d’échanger avec les autres participants et de vivre une expérience qui, selon le niveau de chacun, se partage aussi à l’échelon départemental, régional ou interrégional. Et puis, derrière la vitrine, il y a un outil au service du développement fédéral.

Quelle est la plus-value, pour une association, d’offrir à ses licenciés la possibilité de participer à un National ?

IJ : Voyager ensemble, découvrir de nouveaux coins de France et se mesurer à d’autres, cela laisse une empreinte durable. Quand une association participe à un National, ça rejaillit l’année suivante sur la vie associative. Ça élargit la perspective et donne à la fois envie de se perfectionner dans sa pratique et de s’impliquer davantage dans la vie de l’association, en particulier pour des jeunes qui participent pour la première fois à un National.

Et pour un comité départemental ?

IC : Il montre son savoir-faire d’organisateur auprès des collectivités territoriales, ce qui renforce le lien avec elles, surtout quand l’évènement attire des centaines de concurrents et de spectateurs, retombées économiques à la clé. Un National est aussi un levier d’animation de son réseau associatif. Pour certains licenciés, un National constitue une motivation supplémentaire sur le plan sportif. Et surtout, il mobilise des dizaines de bénévoles qui, eux aussi, sont pleinement acteurs de l’événement.

Thomas Pourageaud : Pour le comité et l’association support d’un événement, c’est aussi un moyen d’attirer de nouveaux partenaires. Des partenaires qui relaient eux-mêmes la manifestation sur les réseaux sociaux ou dans leurs publications.

Certains pourraient s’étonner que l’Ufolep, qui se revendique loisir, multisport et santé, organise tant de compétitions…

IJ : Compétition ne signifie pas destruction de la santé ! Il n’y a pas d’antinomie ! Nos compétiteurs ne sont ni des professionnels ni des sportifs de haut niveau. Nous permettons seulement au plus grand nombre de se mesurer avec soi-même et avec les autres, dans un environnement favorable et bienveillant.

IC : L’Ufolep n’a jamais opposé loisir et compétition. Du tennis au football, de nombreuses disciplines sont d’ailleurs par nature des « loisirs compétitifs ». Nous offrons une pratique loisir qui, selon les disciplines, va jusqu’à la compétition, sans que cela soit obligatoire. Car si la pratique compétitive a ses vertus, on peut très bien faire de la gymnastique et s’y épanouir sans prendre part à une compétition. Il n’y a pas un chemin tout tracé comme dans d’autres fédérations à la vocation élitiste.

IJ : Il y a aussi l’héritage de l’histoire. Des activités se sont développées à l’Ufolep pour pallier les manques des fédérations délégataires, en associant l’offre compétitive à un objectif de formation et d’innovation pédagogique.

On met en avant la convivialité des Nationaux Ufolep, favorisée par un enjeu sportif moindre. À part cela, en quoi se distinguent-ils des championnats des autres fédérations ?

IJ : « Enjeu un peu moindre », je n’aime pas beaucoup… Certes, nous faisons en sorte que le plus grand nombre puisse accéder aux phases finales, notamment en jouant sur les programmes et le nombre de catégories, mais l’enjeu sportif n’est pas absent.

IC : Une fédération délégataire organise un championnat de France et l’Ufolep une soixantaine : on ne parle donc pas de la même chose. Ensuite, on participe à certains Nationaux Ufolep sur qualification, et à d’autres sur inscription. La compétence sportive n’est pas la seule porte d’accès à ces rendez-vous. Mais ce n’est pas pour ça que l’équipe mixte qui remporte le National de badminton – disputé sur inscription – est moins fière de sa performance ! La différence se niche aussi dans les détails, avec une palette de compétitions individuelles et par équipe et des programmes adaptés au niveau de chacun, comme en gymnastique.

TP : Nous faisons aussi en sorte que les participants puissent avoir le plus de temps de pratique possible. Sur un championnat de France de fédération délégataire, dès qu’on est éliminé c’est fini. À l’Ufolep, selon les disciplines, nous proposons des challenges annexes qui, par ailleurs, favorisent la mixité et permettent de mixer les générations.

IJ : De nombreux comités proposent aussi des ateliers de découverte d’autres activités ou d’initiation aux premiers secours.

Justement, comment mettre en valeur le caractère multisport de l’Ufolep sur un National dédié à une discipline précise ?

IJ : En proposant justement des activités parallèlement à l’épreuve principale. La marche nordique et le tir à l’arc ou la sarbacane s’y prêtent très bien. Mais j’aimerais que l’on ne s’adresse pas seulement aux accompagnateurs mais que les concurrents puissent aussi avoir une autre pratique que celle pour laquelle ils sont venus « matcher ».

IC : Je serais plus réservée sur ce point, car ce n’est pas la préoccupation des CNS. Ce n’est pas non plus la demande des compétiteurs : ceux qui font du tir sportif sont motivés par le tir sportif, et c’est tout à fait légitime ! En revanche, pour prendre l’exemple du cyclisme, quelle que soit la discipline – route, contre-la-montre, VTT, cyclo-cross –, cela aurait du sens que le comité organisateur propose un atelier kid bike. On reste dans la famille d’activités, tout en ayant une démarche éducative à l’égard du public jeune. Idem pour les premiers secours, qui concernent tout le monde. Mais attention au grand écart en voulant réunir artificiellement des activités très éloignées l’une de l’autre.

Envisagez-vous de favoriser les épreuves mixtes, à l’instar des Jeux olympiques qui en proposent désormais dans 11 disciplines1 ?

IJ : Évidemment, je suis pour !

IC : Cela existe déjà sur de nombreux nationaux : badminton, tennis de table, tir sportif et tir à l’arc…

IJ : Mais on peut sans doute aller plus loin, avec des hommes et des femmes qui se passent le relais, comme on a l’a vu à Tokyo en athlétisme et en judo.

Et un National « multisport », où l’on enchaînerait les disciplines…

IJ : Ce serait dans l’esprit Ufolep, mais cela intéresserait-il ? C’est à réfléchir, et l’arrêt forcé des compétitions entraîné par la pandémie peut nous aider à réinterroger les modalités de nos rencontres nationales. Je pense notamment au mélange des tranches d’âge. On peut s’inspirer à la fois de ce qui s’est déjà fait dans le passé2 et des initiatives des CNS pour garder le lien pendant la pandémie, comme le concours de sarbacane à distance de la CNS tir à l’arc…

TP : …ou celui imaginés par la GRS en Nouvelle-Aquitaine, ou la CNS twirling bâton via sa page Facebook, sous forme d’échange de vidéos.

IC : Un rassemblement national multisport, emblématique d’une palette d’activités, cela existe pour le plein air ! L’Ufo Nature est une manifestation commune à plusieurs disciplines outdoor (marche nordique, trail…) dans laquelle vient s’inscrire la finale nationale de cross-country qui, sans cela, aurait disparu en raison de son caractère plus confidentiel qu’autrefois. Mais on touche là un public qui n’est pas principalement motivé par l’enjeu compétitif ni focalisé sur une seule discipline mais davantage attiré par l’activité physique au sens large et par le fait de vivre une expérience, un moment privilégié, en famille ou pas.

Alors, quels Nationaux demain ?

IJ : La balle est dans le camp des CNS, tout juste renouvelées. Et ce qui est rassurant, c’est le plaisir que les gens ont à se réunir et pratiquer après la pandémie, qui aurait pu favoriser le repli sur soi.

IC : Richesse, diversité, accessibilité au plus grand nombre, mixité et mélange des âges lorsque c’est possible sont les marqueurs des Nationaux Ufolep, où l’on ne va pas forcément pour briller mais pour participer. Pour autant, il faut encore travailler pour tous les participants vivent pleinement ce que j’appelle « une expérience ».

IJ : En marge de l’événement lui-même, il y a aussi l’enrichissement culturel du voyage. Lors d’un National gymnastique dans les Yvelines, c’est prendre une demi-journée supplémentaire pour visiter Versailles : je revois encore les yeux écarquillés de jeunes gymnastes du Pas-de-Calais qui étaient rarement sortis du département.

IC : Je ferais le parallèle avec la finale Ufo Street, qui est aussi une manifestation sportive à dimension nationale, même si elle n’a pas vocation à délivrer des titres et est identifiée au secteur « sport société ». C’est un événement qui, à l’origine, s’appuie sur un concept plus large qui intègre les cultures urbaines. Nous, nous partons d’une pratique historique, avec le souci d’élargir, d’ajouter. C’est peut-être plus difficile, mais l’esprit est le même.

Propos recueillis par Ph.B.

(1) Athlétisme, badminton, judo, natation, sports équestres, tennis, tennis de table, tir, tir à l'arc, triathlon et voile.

(2) Côté brassage des générations, le défunt Critérium national d’escrime proposait un « challenge des 100 ans » réunissant des triplettes mixtes avec un junior, un adulte et un vétéran, le total des âges devant dépasser la barrière symbolique des 100 ans.


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