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« Éduquer, préserver, s’adapter » : le triptyque écolo d’une association corse de sport nature

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Créée en 2018 à Porticcio, près d’Ajaccio, l’Ếcole de natation rive sud, affiliée à l’Ufolep, affiche son engagement écologique.

Jonathan Curti, quel rapport l’Ếcole de natation rive sud entretient-elle avec son environnement ?

L’association, dont la majorité des 140 licenciés sont des enfants, propose l’apprentissage de la natation, en bassin puis en mer, en découvrant le milieu dans lequel on nage. Apprendre à évoluer dans l’eau, sans équipement puis avec palmes, masque et tuba, et à se déplacer en prenant avec des repères sous-marins et côtiers. Apprendre aussi à connaître les espèces naturelles : la posidonie, cette plante sous-marine endémique en Méditerranée, les oursins, les concombres de mer, les différentes populations de poissons… Et aussi ramasser les déchets et savoir à quoi ils correspondent : d’où proviennent-ils, sont-ils recyclables ou pas, en combien de temps, avec quelles conséquences sur la faune et la flore ?

Comment comprenez-vous la notion de « transition écologique » ?

Je l’associe à la nécessité de s’adapter à un environnement désormais caractérisé par la pollution de l’air, de l’eau et des sols. Nous utilisons par exemple l’application Plume pour connaître la qualité de l’air avant une sortie vélo ou trail, et nous évitons les sorties en mer après des pluies importantes, car l’eau sera plus acide. La transition écologique, pour nous sportifs, c’est adapter nos activités à la dégradation de notre environnement naturel.

Même en Corse ?

Bien évidemment. Derrière la carte postale de l’île de beauté, la réalité d’Ajaccio ce sont 50 000 avions qui décollent chaque année de l’aéroport, et un port où les navires de croisière continuent de polluer une fois à quai !

Comment sensibilisez-vous vos jeunes licenciés ?

Nous avons édité une plaquette sur les commandements du sportif : utiliser une gourde et non des bouteilles en plastique, confectionner soi-même ses barres de céréales pour éviter les détritus et maîtriser leur composition, favoriser le covoiturage lors des déplacements... Lorsqu’on remporte une médaille, on peut aussi la rendre au club pour qu’elle soit réutilisée.

D’où vient votre sensibilité écologique ?

Avant de devenir éducateur sportif et maître-nageur, j’ai fait un BEP industrie chimique-traitement des eaux. Découvrant l’impact environnemental de l’industrie pharmaceutique et de l’industrie agro-alimentaire, j’ai poursuivi avec un deuxième cycle dans ce domaine. Puis, dégoûté, j’ai préféré m’orienter vers le sport détente et bien-être, en lien avec la préservation de l’environnement.

À quoi mesurez-vous la dégradation de celui-ci dans votre pratique ?

Dans l’eau, cela se voit à l’œil nu : il y a moins d’espèces, moins de raies et de soles par exemple, et les nacres ont disparu. En cela, et parce qu’il évolue aussi en montagne, dans le maquis, le sportif de nature est une sentinelle.

Vous avez créé le Recycla Raid : de quoi s’agit-il ?

C’est une manifestation non compétitive à but environnemental qui réunit les différentes disciplines du sport nature : plongée sous-marine, apnée, nage en eau libre, kayak, paddle, randonnée aquatique, marche nordique, running… Le principe consiste à ramasser en deux heures le plus de déchets possible, sur un parcours ou une zone donnés. La première édition s’est déroulée en mai 2018, la seconde en janvier 2019 aux îles Sanguinaires. Nous avons également mobilisé les sportifs après les tempêtes Adrian et Fabien, qui avaient entraîné un afflux de déchets sur les côtes. Les inscriptions se font en ligne et l’opération se déroule en lien avec les clubs locaux et le comité olympique, les affaires maritimes, la SNSM, les pompiers et les collectivités locales. À la demande de l’Office intercommunal du tourisme, nous avons aussi proposé pour la Fête du printemps à Ajaccio une course d’orientation faune, flore et patrimoine en famille sur les îles sanguinaires, et une balade aromatique, où l’on mange ensuite les plantes cueillies en chemin.

Votre association est-elle perçue comme militante de l’environnement ?

Oui, et les parents qui inscrivent leurs enfants sont sensibles à la préservation de l’environnement et à notre identité non compétitive. Notre association évolue également et devient pluridisciplinaire en s’ouvrant à la voile, au paddle, au trail, à la marche nordique… Elle sera bientôt rebaptisée « A scoli di dumane », une « école de demain » qui répondra à trois principes : prendre soin de soi, des autres, et préserver l’environnement. C’est une façon d’intégrer la transition écologique, climatique, économique, à l’échelle humaine : prendre soin de soi à travers des activités physiques adaptées, davantage tournées vers le partage que la compétition, avec une utilité sociale.


ecolenatationcorse@gmail.com
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