« Bauges-toi », multisport de combat en Savoie

L’association réunit karaté, judo, jujitsu et kickboxing sur les mêmes créneaux de pratique enfant et adulte, afin d’animer un terroir isolé.

«Bauges-toi» : le jeu de mots est facile mais colle bien à la géographie de ce petit massif alpin situé entre Savoie et Haute-Savoie et délimité par Albertville à l’est, Chambéry et Aix-les-Bains au sud-ouest et Annecy au nord. «Bauges-toi», le nom reflétait aussi l’état d’esprit des trentenaires et autres quadras qui ont créé en 2009 cette association Ufolep pour conserver une activité physique régulière. « Mon ex-épouse et ses amies allaient courir ensemble. Mais ici l’hiver est long, froid et enneigé » explique Laurent Michel, ex-conducteur de train passé cadre à la SNCF, qui au regard de son parcours d’éducateur sportif bénévole fut sollicité pour animer des séances hebdomadaires dans la salle des fêtes de Sainte-Reine, 170 habitants.

« À l’époque, j’étais dans le taïso, l’entraînement physique des judokas. C’était surtout du "cardio". Puis on m’a demandé d’ajouter un cours seniors auquel participaient des agricultrices. Devoir s’adapter à ce nouveau public était très intéressant. » Laurent Michel se souvient par exemple d’une jeune grand-mère qui, après s’être cassé le fémur, ne pouvait plus jouer assise par terre avec sa petite-fille : « Lors d’une séance, nous avons tous travaillé le geste, et elle s’est rendu compte qu’elle pouvait se relever. Cela représentait beaucoup pour elle. »

Une autre idée des arts martiaux

Mais voilà : en 2017, l’association perd la jouissance de la salle pour cause de rénovation, avant que le Covid n’achève de briser la dynamique. Elle entre alors en sommeil, avant de repartir en septembre 2021 en un nouveau lieu – le gymnase du Châtelard, village plus central situé à 10 km – et une offre associant jujitsu, judo, karaté et kickboxing sur des créneaux enfants et adultes de début de soirée. Étonnant, non ?

L’explication de cette métamorphose réside dans le passé d’éducateur de Laurent Michel, entamé à 16 ans au club de judo de L’Arbresle (Rhône) : depuis, le souci d’offrir des activités accessibles à tous va pour lui de pair avec une approche « œcuménique » des arts martiaux. Depuis plusieurs années, il coanimait des cours de karaté délocalisés pour les «Baujus» du Châtelard par le club de La Ravoire, près de Chambéry. « Le style wado riu est proche du judo car on esquive les coups au lieu de les encaisser, et j’enseignais des techniques de judo-jujitsu, les chutes en particulier », résume-t-il.

Puis l’entraineur officiel rend son kimono en même temps qu’il prend sa retraite d’infirmier, et comme lui-même ne possède pas le bon diplôme, il ne peut pas prendre la suite. Qu’importe : après une rencontre avec l’Ufolep Savoie, tout repart sous les couleurs de «Bauges-toi». Revigoré, Philippe Beaulieu, le prof de karaté qui souhaitait retrouver son mercredi soir libre, retrouve les tatamis. Du coup son épouse, Béatrice, reprend aussi pour les parents qui attendent leurs enfants ses cours de «body karaté», variante où les coups sont donnés dans le vide. Puis un professeur de kickboxing, Baptiste Hagège, se joint à eux : l’équipe est au complet !

« Les tarifs sont tirés vers le bas : de 50 € la licence pour les enfants à 60 € pour les adultes » insiste Laurent Michel. Ceci pour une approche multisport inédite consistant à enseigner à deux animateurs en entremêlant jujitsu, judo et karaté pour les séances enfants, ou à trois en ajoutant le kickboxing en adultes : « Qui connaît l’histoire des principaux arts martiaux sait qu’ils procèdent du jujitsu, l’art ancestral. Certains maîtres se sont ensuite tournés vers le combat à distance – le karaté – ou ceux où l’on est saisi avec immobilisation au sol – le judo. » 

Enfants et adultes confondus, «Bauges-toi» compte aujourd’hui une soixantaine de licenciés, en attendant de relancer une section seniors dès que le contexte s’y prêtera. Philippe Brenot

 

Le goût de transmettre

Titulaire d’un brevet fédéral Ufolep activités d’opposition et arts martiaux, Laurent Michel a déjà associé son adolescent de fils et plusieurs de ses copains à l’animation des séances. Toujours prêt à donner un coup de main bénévole, il a encadré l’an passé, avec Philippe et Béatrice Beaulieu, deux jours de formation au certificat de qualification professionnelle «jeux sportifs et jeux d’opposition» pour des jeunes en «parcours coordonné». Parmi leurs dernières initiatives, Laurent Michel et les siens ont aussi utilisé une subvention de l’Agence nationale du sport pour offrir à leurs jeunes animateurs une formation aux premiers secours, animé pour les seniors du Cœur des Bauges une séance de prévention des chutes, et organisé initié au self-défense 24 jeunes femmes, dont la déléguée de l’Ufolep 73, Samia Azzous-Moes.