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Chronique livres: Brohm, Ksiss, Blociszewski, trois regards engagés sur le sport

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Sport-spectacle. Il est paradoxal que le nouvel ouvrage de Jean-Marie Brohm, Le sport-spectacle de compétition, ait paru alors que celui-ci était à l’arrêt pour cause de Covid-19. L’occasion rêvée de « prendre le temps de l’analyser en profondeur et d’élucider ses fonctions politiques, ses effets idéologiques et ses implications pulsionnelles massives », comme a pu le suggérer son éditeur. À 79 ans, le fondateur de la Théorie critique du sport n’a rien perdu de sa virulence et s’attache toujours à pointer l’« aliénation » et l’« asservissement consenti » qui caractérise la « massification sportive ». À l’heure du déconfinement, ses thèses radicales seront-elles davantage écoutées, sinon entendues ? Si la désintoxication de la société se révélait durable à l’égard de ce spectacle sportif qui, hier encore, saturait l’espace médiatique, on pourra aussi y voir une forme d’alliance objective entre un virus microscopique et un brûlot de 500 pages.

Le sport-spectacle de compétition, un asservissement consenti, Jean-Marie-Brohm, QS ? éditions, 484 p., 15 €.

 

Terrains de lutte. La collection « celles et ceux » met en valeurs des femmes et des hommes figurant dans le « Maitron », volumineux Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier des éditions de l’Atelier. Pour le sport, c’est Nicolas Ksiss-Martov, journaliste à la FSGT et collaborateur de So Foot, qui s’intéresse à ces figures souvent méconnues qui associaient sport et lutte sociale. Par exemple le communard Paschal Grousset, qui à la fin du XIXe siècle défendait la très patriote Union des sociétés de gymnastique de France contre la très bourgeoise Union des sociétés françaises de sports athlétiques, incarnée par Pierre de Coubertin. Un combat perdu... Les chapitres suivants célèbrent les héros du sport ouvrier, du Front populaire, des Olympiades de Barcelone 1936, de la Résistance… Les suivants souhaitent « Bon anniversaire, camarade Staline », abordent Mai 68 en demandant s’il est « interdit d’interdire le sport », chaussent des « crampons rouges » et s’intéressent à « une discipline scolaire plus politique qu’il n’y paraît » – l’EPS à la sauce Snep pardi ! De quoi inciter Jean-Marie Brohm, cité dans les remerciements, à une certaine indulgence ? Même pas sûr.

Terrains de jeux, terrains de lutte, Nicolas Ksiss-Martov, L’Atelier, 176 p., 16 €.

 

Contre l’arbitrage vidéo. C’est en amoureux du jeu que Jacques Blociszewski fait le procès d’un arbitrage vidéo qui, estime-t-il, « tue le foot ». Même si, à l’instar d’un Michel Platini, on souscrit volontiers à son analyse, il est malheureusement à craindre que ce pamphlet argumenté ne rencontre pas l’écho suscité par son précédent ouvrage, Le match de football télévisé (Apogée, 2007). Il n’est pas sûr non plus que la VAR finisse par être rejetée, comme il le pronostique…

Arbitrage vidéo : comment la Fifa tue le foot, Jacques Blociszewski, éditions de l’Ara, 146 p, 10 €.


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