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À l’Ufolep, les femmes font jeu égal

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La parité observée dans les effectifs de l’Ufolep reflète-elle une réelle égalité dans l’accès aux pratiques ? Ou traduit-elle d’abord la bonne santé des disciplines les plus féminisées de notre fédération ?

L’histoire retiendra que l’inversion s’est opérée durant la saison 2013-2014 : à l’issue de celle-ci, l’Ufolep comptait 50,3 % de femmes pour 49,7 % d’hommes. Depuis, la proportion est passée à 52 / 48.

Qui l’aurait imaginé, il y a encore trente ans ? Comme la plupart de ses homologues des fédérations unisport et, dans une moindre mesure, des fédérations multisports, les effectifs de l’Ufolep ont longtemps reflété un paysage sportif historiquement marqué par la prédominance masculine.

Ce basculement symbolique a pu être accéléré par l’évolution contrastée de certaines activités sur les cinq dernières années. Féminisées à plus de 90 %, les activités d’expression (gymnastique, danse) et d’entretien affichent une santé éclatante, tandis que des sports très masculins comme le cyclosport, ou le moto-cross, ont connu un brusque trou d’air pour des questions d’assurance. Sur la durée, la proportion n’en est pas moins régulière : les féminines représentaient 36,12 % des licencié.es Ufolep en 1988, puis 42,81 % en 1998 et 44,31 % en 2008, avec déjà un pic à 48,16 % en 2006.

Dans la moyenne des multisports

Parmi les fédérations multisports, l’Ufolep se situe entre la Fédération sportive et gymnique du travail (45%) et la Fédération sportive et culturelle de France (71%) – la nette différence entre ses homologues ouvrière et catholique s’expliquant en partie par le succès du foot à 7 au sein de la première, et la place de la gymnastique chez la seconde. Très polarisées sur les activités d’entretien, la Gymnastique volontaire (91 %), la FF Sport pour tous (87 %) et la Retraite sportive (70 %) sont hors catégorie. C’est simple : l’Ufolep est à l’unisson de la quasi-parité (52 %) observée pour l’ensemble des fédérations multisports. Et elle fait beaucoup mieux que les fédérations unisport, davantage tournées vers la compétition, qu’elles soient olympiques (31 % de féminines) ou non (32 %).

Concernant les catégories d’âge, la répartition des 170 793 licenciées que comptait l’Ufolep la saison écoulée est révélatrice. Si les adultes sont majoritaires (56 %), les catégories jeunes sont davantage féminisées, avec 67,47 % de jeunes filles chez les moins de 10 ans et près de 60 % chez les 11-16 ans, contre 46,32 % de femmes au-delà de 16 ans. Cette différence s’explique là aussi par le succès de la gymnastique et de la GRS auprès des plus jeunes, avant de cesser souvent leur pratique lorsqu’elles entrent au lycée ou entament des études supérieures. Leurs aînées sont en revanche omniprésentes dans les activités d’entretien, ce qui rééquilibre un peu les choses. Et 46 % de femmes en catégorie adulte, c’est mieux que les 35 % de licenciées d’il y a trente ans.

Autre enseignement : si l’Ufolep a perdu au total 43 000 licenciés entre 2008 et 2017, c’est chez les hommes. Sur cette même période, elle a en effet gagné 4 000 licenciées femmes.

Initiatives fédérales

Question : dans quelle mesure cette féminisation est-elle le reflet de l’évolution de la société ou le fruit d’initiatives fédérales envers les femmes ? Ce « public-cible » a en effet été identifié au début des années 1970, dans la foulée du grand chambardement de Mai 68, avec la création d’un premier groupe de travail « Femmes et sport ». Celui-ci s’intéressa notamment à des initiatives locales de développement du football féminin, à l’image des joueuses de Reims, dont le film Comme des garçons, sorti en 2018, retrace l’épopée. C’est aussi à cette époque qu’est créée la commission technique dédiée au développement de la gymnastique rythmique et sportive – essentiellement composée de femmes, ce qui constituait déjà une petite révolution !

On peut y voir l’un des symboles de l’engouement croissant pour les activités gymniques et d’expression au sein de l’Ufolep. Depuis quelques années, les activités d’entretien, très féminisées, ont fait l’objet d’un accompagnement particulier pour coller aux tendances actuelles en termes de santé et de bien-être.

Dirigeantes, cadres et licenciées

Autre aspect de la féminisation : celle des cadres et dirigeants. Car la fédération ne vit pas en vase clos. Elle répond aux évolutions de la société et aux sollicitations du politique. L’action volontariste de Marie-George Buffet, dès son arrivée en 1997 au ministère des Sports, a suscité à l’Ufolep la création d’un nouveau groupe de travail, avec des compétences élargies à la place des femmes parmi les instances dirigeantes, tant au niveau national que départemental.

Aujourd’hui, 14 des 30 membres du comité directeur national sont des femmes, proportion qui s’inversera dès la prochaine mandature pour refléter, conformément à la loi, la proportion femmes-hommes parmi les licenciés. Et l’on observe le même équilibre parmi la quinzaine de membres de l’équipe technique nationale.

Au sein des comités directeurs départementaux et régionaux, qui furent longtemps des bastions de la masculinité, on compte respectivement 34 % et 36,7 % de femmes. Et un tiers des directeurs ou délégués départementaux sont des femmes.

Manifeste depuis une dizaine d’années, cette féminisation des dirigeants et des cadres n’a pas forcément eu un impact immédiat sur le nombre de licenciées. Mais elle a contribué à changer les mentalités et favorise la prise en compte du public féminin, et des freins à sa pratique.

À titre d’exemple, le comité de Corrèze vient de lancer un championnat féminin de volley, venant en complément d’un championnat mixte qui compte une trentaine d’équipes. « Tout en continuant de jouer avec des hommes, les femmes souhaitaient se retrouver entre elles de temps en temps, en occupant tous les postes dans le jeu. Six équipes se sont engagées pour cette première saison, parfois sous la forme d’une entente entre deux clubs », explique la déléguée départementale, Mylène Boudie.

De même, en Loire-Atlantique, plusieurs tournois féminins de volley-ball sont organisés dans l’année. Et, dans les Pyrénées-Orientales, des soirées handball sont réservées aux filles dans, là aussi en complément d’une pratique mixte. Hasard ou pas, dans ces trois comités c’est une femme qui anime l’équipe départementale…

Toutes Sportives

L’Ufolep va également à la rencontre des femmes des plus éloignées de toute pratique, en s’appuyant sur son réseau de comités. Les projets portés par ceux-ci ciblent notamment les femmes des quartiers populaires, jeunes filles ou mères de famille.

En Pas-de-Calais, l’Ufolep s’intéresse par exemple aux adolescentes, avec une action menée en lien avec les collèges et les lycées de quartiers "politique de la ville" (QPV). « Nous faisons distribuer aux élèves par leurs professeurs d’EPS un questionnaire sur leur pratique sportive, explique le directeur départemental, Jérôme Léger. Nous travaillons ensuite avec les centres d’actions jeunesse, les centres sociaux, les clubs de prévention et nos propres associations pour proposer à ces collégiennes et lycéennes la pratique correspondant à leurs souhaits, en des lieux et à des horaires compatibles. Nous avons ainsi lancé deux créneaux hebdomadaires à Calais et Boulogne-sur-Mer autour du multisport. »

Ces actions peuvent prendre aussi la forme de stages sur la prise de responsabilités, de pratiques de fitness exclusivement féminines, de débats ou d’actions de sensibilisation. Elles déclinent, chacune à leur façon, le plan de féminisation, baptisé Toutes Sportives, lancé en 2015 par l’Ufolep. Celui-ci s’appuie notamment sur un groupe de travail réunissant élues, cadres techniques et simples militantes sous le sigle Fair, pour « Femmes en Action, pour l’Inclusion et le Respect ».

Le dispositif Toutes Sportives compte parmi ses autres volets une offre de formation et de développement des compétences pour les femmes investies dans le sport. Il accompagne aussi des événements comme la Nuit des relais, course solidaire destinée au recueil de fonds pour la lutte contre les violences faites aux femmes, et dont la 3e édition s’est déroulée début décembre sous la voûte de verre du Grand Palais, à Paris.

« Toutes Sportives est une démarche volontariste pour faire "bouger les lignes", résume Myriam Wagner, élue nationale et responsable de la commission Femmes et sport de l’Ufolep. Le fait que notre fédération réunisse une majorité de femmes parmi ses licenciés est un symbole, mais ne peut être considéré comme une fin en soi. À ce jour, les femmes ne bénéficient toujours pas du même accès que les hommes aux pratiques physiques et sportives. »

Philippe Brenot


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